lundi 25 mai 2009

Dépêche AFP Faux électeurs du Ve: les époux Tiberi fixés mercredi sur leur sort (AVANT-PAPIER)

PARIS, 25 mai 2009 (AFP) - Le député-maire du Ve arrondissement Jean Tiberi et son épouse Xavière, malmenés durant leur procès par de nombreux témoins à charge, seront fixés mercredi sur leur sort judiciaire dans l'affaire des faux électeurs du Ve, avec comme épée de Damoclès une possible inéligibilité. Considérant que l'ancien lieutenant de Jacques Chirac à la mairie de Paris était bien "l'instigateur" de la fraude électorale commise à la mairie du Ve dans les années 1990, le procureur Alexandre Aubert a requis à son encontre une peine d'un an de prison avec sursis, cinq ans d'inéligibilité et 10.000 euros d'amende, à la hauteur de "la gifle" infligée aux électeurs. Durant les quatre semaines de procès, du 2 février au 4 mars, les époux ont farouchement nié toute participation à cette fraude électorale, dénonçant "l'amertume" de ceux qui les accusent. Xavière Tiberi, elle, avait démenti son "omniprésence" à la mairie du Ve, néanmoins attestée par une brigade d'employés municipaux. Malgré ces dénégations, bon nombre de prévenus et de témoins ont confirmé l'existence d'une fraude organisée, visant à inscrire sur les listes électorales des électeurs non domiciliés dans le Ve. La surprise est venue d'Anne-Marie Affret, première adjointe à la mairie du Ve. Après avoir tout démenti en bloc, elle a fini par reconnaître avoir commis et ordonné de faux certificats d'hébergeants. Mais, attention, "ce n'est pas moi qui était l'organisatrice de tout ça", a-t-elle averti, refusant de porter seule le chapeau. En dépit des assauts répétés du président Jean-Paul Albert, ses aveux sont restés tronqués, le soldat Affret refusant d'imputer une quelconque responsabilité aux Tiberi, et préférant torpiller l'ancien secrétaire général Raymond Nentien. Egalement poursuivi, l'ancien numéro trois de la mairie a reconnu avoir eu connaissance de la fraude, mais affirmé n'y avoir pas participé, ce que démentent nombre de ses anciens collaborateurs. "Repenti", il a apporté sa contribution à la justice pour décrire le mécanisme de la fraude. Des confessions qui lui ont valu des attaques constantes de la part des Tiberi durant le procès. Face aux témoignages confondants, les époux Tiberi n'ont pu que constater que des électeurs non domiciliés dans le Ve avaient été inscrits frauduleusement sur les listes électorales. Mais, si peu, ont-ils argué. "De 7.000, 3.000 faux électeurs, on est finalement arrivé à 196, dont une quarantaine n'a jamais voté et une trentaine une fois sur deux? Ce système aurait abouti, au maximum, à un demi-point (de plus lors du suffrage, ndlr), ce qui n'en fait pas en soi un système", s'est justifié l'ancien maire de Paris (1995-2001). Mais surtout, s'est-il défendu, "quel aurait été mon intérêt? Pourquoi me serais-je engagé dans une opération dangereuse, discutable et même condamnable, alors que j'étais réélu avec un score honorable? C'eût été une folie inutile!". Une analyse totalement démontée par l'accusation. Selon elle, il y avait un intérêt mathématique à gonfler le nombre d'électeurs ayant voté pour M. Tiberi, celui d'obtenir le meilleur score possible au premier tour, pour que l'opposition ne puisse obtenir de siège au Conseil de Paris. Pour conclure, les conseils de Jean Tiberi ont pointé l'absence de tout élément matériel à l'encontre de leur client, qualifiant le procès de "scrutin électoral bis où l'on voudrait que celui qui a toujours gagné les élections les perde enfin", selon les termes de Me Leborgne.