vendredi 9 avril 2010

La réalité du quotidien des sans papiers, à Paris, en 2010

À Paris, nous pouvons témoigner de rafles quotidiennes. Le mot rafle n'est pas vain ; par exemple, au métro porte d'Italie 5 ou 6 policiers à chaque sortie arrête tous ceux qui ne sont pas européens. Sur les quais, on installe des paravents et on vérifie et on fouille à l'abri des regards, ensuite on embarque.

Voici dix jours, une dénonciation de trafic de cigarettes a amené une rafle à 6h du matin dans un immeuble de la rue Masséna. Pour ne rien rater les policiers ont emmené hommes et femmes sur deux étages, laissant les enfants seuls et apeurés. Bilan 9 personnes arrêtées parmi lesquelles un coupable en effet mais aussi 8 sans papiers, retenus

Les permanences de RESF et de la LDH chaque samedi sont submergées par des gens terrifiés.

Ajoutons à cela une quantité importante de jeunes majeurs; il s'agit d’adolescents arrivés en France après 13 ans et scolarisés le plus souvent en terminale ou en bac Pro qui, pour l'anniversaire de leur 18 ans, ont reçu une Obligation de Quitter le Territoire et qui souvent n'ont fait aucune démarche, terrifiés et honteux. oui honteux d'être différents de leurs camarades.

Imaginez comment on peut poursuivre une scolarité normale avec cette menace sur la tête.

En général on découvre leur problème lors d'une inscription pour un voyage de fin d'études à l'étranger ou parce qu'ils finissent par se confier à un copain !

À la Préfecture lors des demande de régularisation tout est fait (tracasseries, demandes innombrables et répétés de papiers déjà fournis etc.) pour décourager... sans compter les menaces voire les arrestations.

Il n'y a plus de règles sur lesquelles s'appuyer, tout est laissé à l'arbitraire des fonctionnaires qui, soucieux de leur objectif chiffré, ne se soucient évidemment pas de la situation des gens.

Ici, le cas par cas c'est l'arbitraire absolu.

L'ambiance générale est à la violence psychologique et morale, et la situation ne fait qu'empirer. Rien ne peut être résolu par des lois injustes.

Il serait bon que les partis de gauche se décident à poser le problème sur la table, à organiser un débat, et faire des propositions.

Si la France ne peut pas, à elle seule "accueillir toute la misère du monde", comme le disait M. Rocard en 1996 déjà : "mais elle doit savoir en prendre fidèlement sa part. "!