mercredi 22 octobre 2014

Politique de santé parisienne : communication de Bernard Jomier, adjoint à la Maire de Paris en charge de la santé lors du Conseil de Paris du 20 octobre 2014



"Le contexte parisien, malgré une offre de soins importante, est marqué par des disparités d’accès à la santé. Notre priorité en matière de santé consiste donc à viser à mettre fin à ces inégalités sociales et territoriales de santé.
Cela passe d’abord par un plan de renforcement de l’offre de soins en secteur 1 qui s’accompagnera d’une politique de santé publique volontariste axée sur la prévention et le dépistage dans les domaines de la santé environnementale, de la santé maternelle et infantile, de la santé mentale, de la lutte contre le cancer ou encore de la réduction des risques.

  • Garantir l’égal accès à la santé pour tous par une politique de santé publique ambitieuse

1- Pour un égal accès aux soins : densifier l’offre de soins en secteur 1 
Les projections à cinq ans en termes de démographie médicale sont préoccupantes. Elles soulignent en effet que certains arrondissements pourraient perdre jusqu’à 50 voire 60% de leurs généralistes en secteur 1. L’enjeu pour la Ville de Paris consiste donc à trouver et à mettre en œuvre des solutions pérennes afin de renverser cette tendance et de rétablir une offre de soins adaptée à la densité et au profil de la population parisienne.
Au total plus de 3 millions d’euros seront investis au cours de cette mandature pour renforcer l’offre de soins à Paris. Ce montant correspond à une augmentation de 50% par rapport à la mandature précédente.
La stratégie adoptée repose sur trois piliers complémentaires : les centres de santé, les maisons de santé pluridisciplinaires et l’exercice libéral regroupé en secteur 1.
Pour garantir la réussite du dispositif, nous nous appuierons sur l’expertise de la DASES en matière d’ingénierie de l’offre de soins. Les mairies d’arrondissement seront également mobilisées pour cerner la répartition des besoins au niveau de leurs territoires et identifier les lieux les mieux adaptés pour les nouvelles implantations.

Renforcer l’offre existante en centres de santé
Initiée en 2013, l’extension des horaires d’ouverture jusqu’à 19h en semaine dans les 6 centres de santé municipaux sera généralisée d’ici juin 2015. La Ville tient en outre à encourager les centres de santé associatifs renforcent ce maillage territorial. La démarche de coordination des centres sera poursuivie, en lien avec l’Agence Régionale de Santé (ARS), la Caisse Primaire d’Assurance Maladie (CPAM) et les structures associatives.
Dans le cadre de la construction d’une métropole investie pour répondre aux nouveaux enjeux de santé publique, des ponts seront à établir avec les centres de santé de la petite couronne. Une attention particulière sera alors portée à l’accès aux droits et aux soins des publics les plus vulnérables.

Accompagner des projets de Maisons de Santé Pluriprofessionnelles (MSP) 
Actuellement 6 MSP fonctionnent sur Paris, 13 sont en projet ou en développement. Le soutien aux projets de MSP s’effectuera par une aide à l’identification de locaux, un soutien à l’investissement et un appui méthodologique. Le soutien en investissement pourrait éventuellement être complété dans le cadre d’un partenariat avec la Caisse des Dépôts, laquelle a exprimé son intérêt pour un possible dispositif foncier.

Soutenir l’installation de professionnels de santé en secteur 1 en exercice regroupé 
Alors que l’essentiel de l’offre de soins ambulatoires est apporté aujourd’hui par les cabinets de ville, le vieillissement des professionnels et le déficit de nouvelles installations fragilisent cette offre de manière préoccupante. Aucune installation en médecine générale libérale n’a ainsi été relevée au premier semestre 2014 à Paris. C’est pourquoi notre troisième axe d’action vise à faciliter l’installation de nouveaux professionnels de santé de proximité en cabinets regroupés. Soutenir prioritairement l’installation dans les territoires déficitaires en offre de soins doit permettre de réduire les inégalités territoriales de santé.
Le parc foncier de la Ville sera mobilisé afin de faciliter l’accès à des locaux à des prix abordables, en contrepartie d’un engagement de la part des professionnels à s’implanter localement dans la durée (via des baux de 9 ans) et à mener des actions de santé publique sur le territoire parisien (Prévention, dépistage…).
Ce projet ambitieux associe la Ville, l’ARS, la CPAM, la Région et le Conseil de l’Ordre, qui travaillent collectivement depuis le début de l’été. Ensemble, nous œuvrons entre autres à mettre en place un « guichet unique » pour les professionnels souhaitant s’installer à Paris.
Ce dispositif sera proposé au Conseil de Paris de mars 2015 pour être opérationnel dès le premier semestre 2015.

2- Une politique de santé publique ambitieuse
Le taux de pollution de l’air dans la capitale nous confronte à des défis uniques en France. C’est pour construire une vision commune sur ces enjeux environnementaux aux niveaux parisien et métropolitain que la conférence citoyenne sur la pollution de l’air a été lancée. Les travaux, conduits par un panel de citoyens auditionnant des experts, donneront lieu à une restitution devant le Conseil de Paris de décembre prochain.
La santé environnementale étant un domaine particulièrement vaste et complexe, la Ville de Paris a fait le choix de se doter d’un plan parisien de santé environnementale, qui sera élaboré en 2015. Il devra être présenté au Conseil de Paris de septembre 2015 afin d’être adopté avant la tenue de la Conférence Paris Climat de décembre 2015 (COP 21).
La santé scolaire est un pilier de notre politique de réduction des inégalités sociales de santé. Grâce à l’engagement de la Ville de Paris, les élèves des écoles parisiennes disposent de moyens supérieurs à la moyenne nationale, avec un médecin pour 3.200 élèves, là où la moyenne en France est de un pour 8.000 élèves. Au-delà du contexte scolaire, dépistage et prévention font l’objet de plusieurs programmes parisiens, adressés à toutes les générations, cohérents et bien définis. L’un de ces programmes est « Paris Santé Nutrition », lancé en 2009 et qui vise, dans une démarche d’éducation à la santé, à mieux faire connaitre les enjeux d’une bonne alimentation et à prévenir le surpoids et l’obésité.
La Ville est également fortement mobilisée dans le dépistage et la lutte contre les maladies transmissibles et non-transmissibles.
Pour faire face à l’incidence qui reste élevée de la tuberculose à Paris, ce sont plus de 2.300 personnes qui bénéficient chaque année d’un dépistage par notre Centre de Lutte Anti Tuberculeux.
En matière de lutte contre le sida, L’OMS a fourni un objectif ambitieux à la communauté internationale. La Ville de Paris prendra toute sa part dans ce combat et lancera notamment en décembre « l’initiative mondiale des villes actrices de transformations sociales pour mettre fin au sida », en lien avec de grandes métropoles étrangères et avec l’ambassadeur sida de l’ONU.
Alors que près de 50% des nouvelles contaminations au VIH en France interviennent en Ile-de-France, Paris reste mobilisée face à l’épidémie ; 31.600 consultations ont été proposées l’an dernier dans les Centres de dépistage anonymes et gratuits de la Ville, plus d’un demi-million de préservatifs sont distribués annuellement et le soutien aux associations et aux structures de soins innovantes reste important. Le développement de l’offre de soins en matière de santé sexuelle et l’augmentation des dépistages rapides seront prioritaires.
Paris est aussi engagée contre les maladies non transmissibles comme le cancer avec un soutien continu de la Ville en faveur d’actions de prévention et de dépistage comme par exemple « Octobre rose ».

Les conduites addictives et l’usage de substances psychoactives, licites ou illicites, constituent un autre fléau face auquel Paris reste mobilisé. La métropolisation de la lutte contre la toxicomanie et les conduites à risques, en partenariat avec le département de Seine-Saint-Denis dans le cadre de la Mission Métropolitaine de Prévention des Conduites à Risque (MMPCR), a permis d’équiper nos territoires d’une structure de prévention commune.
La Ville de Paris réaffirme en outre sa volonté d’expérimenter et d’ouvrir une Salle de Consommation à Moindre Risques dès que les textes législatifs et réglementaires seront adoptés et le permettront.
En matière de santé mentale, la Ville poursuivra son double objectif de prévention et de déstigmatisation. Dans le cadre de la Grande Cause, la Ville œuvre également à la prise en charge des personnes à la rue et en souffrance psychique, en soutenant notamment plusieurs structures dans ce domaine.
Par ailleurs, la Ville soutient de manière constante un réseau associatif qui déploie des actions de proximité ou de grande envergure, notamment dans un objectif de déstigmatisation.

  • Une méthode participative et des partenariats multiples

1- Démocratie sanitaire pour construire notre politique de santé
Le processus de mise en place des « Assises parisiennes de la santé » se prépare dès à présent, avec cette communication et se terminera par leur tenue plénière en mai 2016. Entre ces deux dates, 18 mois de concertation et de participation s’ouvrent pour l’ensemble des Parisiennes et des Parisiens, des associations et autres partenaires. Les élus et adjoints sectoriels d’arrondissements sont fortement invités à mettre en place des instances de concertation réunissant professionnels, usagers, acteurs associatifs et élus, sous la forme des Conseils Locaux de Santé. Plusieurs arrondissements ont d’ores et déjà installé ces instances. Celles-ci abordent l’ensemble des questions relatives à la santé au niveau de l’arrondissement, comme la prévention, les bonnes pratiques, le maillage territorial, l’offre de soins, la santé communautaire… Elles auront à terme vocation à demeurer, afin de pérenniser le dispositif de démocratie sanitaire parisien.
Organisés en octobre 2015, des États généraux de la PMI (Protection Maternelle et Infantile) mobiliseront l’ensemble des acteurs concernés, professionnels, usagers, associations et institutionnels. Ils permettront d’établir un diagnostic, de fixer des objectifs et de proposer des pistes d’adaptation, tant au niveau de l’organisation territoriale de la PMI parisienne que de la conduite de ses missions.
La PMI joue historiquement un rôle important à Paris dans la prise en charge des publics précaires, c’est pourquoi ces États généraux s’articulent pleinement avec les travaux menés dans le cadre de la grande cause. La réflexion intègrera en outre le « parcours naissance » notamment pour les publics les plus vulnérables ne bénéficiant pas d’un suivi médical régulier et d’un volet « suivi périnatal et réduction des inégalités sociales de santé ».

2- Des partenaires multiples au service de la santé des Parisiens
Conformément à une volonté partagée par le directeur général de l’AP-HP et la Maire de Paris, une convention-cadre sera conclue avec l’AP-HP afin de régir nos relations partenariales. Elle sera soumise au Conseil de Paris de février 2015.
Concernant Hôtel Dieu, le projet comprend des activités médicales, des activités d’éducation thérapeutique du patient, un service de psychiatrie, un centre de médecine ambulatoire, des lits de soins de suite et de réadaptation, des lits halte soin santé. D’autres activités liées à la vocation hospitalo-universitaire de l’AP-HP trouveraient également leur place sur le site.
La Ville s’engage à réduire le temps d’attente aux urgences et, auprès de ses différents partenaires (AP-HP, Brigade des sapeurs-pompiers de Paris, ARS…), à apporter un soutien fort au dispositif de prise en charge des soins non programmé notamment en soutenant le développement de maisons médicales de gardes et en incitant les médecins de ville à participer à la Permanence des Soins Ambulatoires (PDSA).
La Ville s’engage poursuivre l’engagement de Paris en matière d’action sanitaire vis-à-vis des autres collectivités à l’international. L’adhésion de Paris au réseau des villes Santé OMS, dont l’un des principes fondateurs est la transversalité et la « santé dans toutes les politiques », sera l’opportunité de renforcer le rôle de Paris et la valorisation de ses actions en matière de politique sanitaire.
Son programme pour lutter contre le VIH en Afrique subsaharienne sera complété par un soutien à des actions visant à promouvoir la santé de la mère et de l’enfant et à établir des stratégies municipales de santé. Paris sait également se mobiliser face à l’urgence comme ce fut récemment le cas pour l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest.

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L’ensemble des dispositifs et actions présentés ici s’inscrivent dans une volonté assumée de réduire les inégalités sociales et territoriales de santé identifiées sur le territoire parisien. Cet effort, qui nécessite un engagement collectif, suppose la mobilisation de tous les acteurs concernés. Qu’ils soient tous, par avance, remerciés pour leur aide et leur investissement."

Retrouver plus d’infos sur le site de la mairie de Paris en cliquant ici.

Post-scriptum : L'engagement de la Ville de Paris et de Bernard Jomier pour le développement d'une santé de proximité dans le 5ème, pour le développement du centre de santé de l'Epée de bois a été réaffirmé lors du dernier CICA organisé en mairie du 5ème.