samedi 14 mars 2015

Paris lutte contre la pollution mais les tensions sont vives et la banlieue râle










La lutte contre la pollution liée au trafic routier est un enjeu majeur de santé publique. Anne Hidalgo, Maire de Paris, en a fait une priorité de sa mandature.


Lors du Conseil de Paris du 9 février, un plan unique en France a été voté. Il repose sur deux piliers : des mesures incitatives à une mobilité plus propre pour les particuliers et les professionnels, accessibles dès cette année, et des restrictions de circulation pour les véhicules les plus polluants, mises en œuvre progressivement à partir de l’été 2015.

La maire de Paris souhaite ainsi exclure les véhicules polluants (les voitures immatriculées avant janvier 1997 et les deux-roues enregistrés avant 2000) d’une zone à basse émission, et ce dès juillet 2016. Entre 2017 et 2020, l’interdiction deviendra totale pour certains véhicules et sera étendue à des modèles plus récents.

Ces mesures sont contestées par l’opposition. Nathalie Kosciusko-Morizet, élue UMP de la ville de Paris les juge « insuffisantes ». Pourtant, le plan qu’elle proposait le 14 janvier 2014 dans la perspective des élections municipales comportait « l’interdiction de Paris aux poids lourds et aux cars de tourisme polluants grâce à l'instauration d'une " ZAPA "(zone d'action prioritaire pour la qualité de l'air) »….

Plus surprenant, les critiques émanent également du député socialiste de Seine-et-Marne Olivier Faure qui estime que « les Franciliens vont se retrouver interdits de séjour dans la capitale car ils n’auront pas les moyens de se déplacer » ce qui créerait une « ségrégation spatiale entre Paris et sa périphérie ». Parce que, à juste titre, la lutte contre la pollution ne peut se concevoir qu’à l’échelle francilienne, « il n’y a pas de bulle protectrice au-dessus de Paris » plaide le député. 
Ce dernier propose d’obliger les véhicules à être équipés de filtres à particules, qui seraient pris en charge pour moitié par la puissance publique via des crédits d’impôts. Avec d’autres députés du Val d’Oise, des Yvelines et de l’Essonne il a rendu publique une demande de rendez-vous à la Maire de Paris pour évoquer ce plan car « le quotidien des habitants de la grande couronne serait profondément affecté par ces restrictions de circulation ».

Les tensions entre Paris et sa petite couronne, d’une part, et la grande couronne d’autre part, sont vives. Pourtant, on doit rappeler que la capitale contribue pour 378 millions d’euros en 2015 au financement du syndicat des transports d’Ile de France, soit 62% des contributions des conseils généraux de la région-capitale. L’effort financier est réel, tout comme l’impulsion d’une stratégie commune à l’échelle métropolitaine pour lutter contre la pollution, à l’initiative de Paris.

L’objectif de la Ville est ambitieux. En 2020, il faudra disposer d’un véhicule de moins de 10 ans et ne roulant pas au diesel pour circuler dans la capitale. Cela suppose, d’une part, le développement des mobilités par l’usage des transports en commun ou des déplacements doux (vélo etc…) et, d’autre part, l’électrification du parc automobile au détriment des véhicules thermiques. Or, le véhicule électrique, tel qu’il est conçu aujourd’hui, ne dispose que d’une autonomie très limitée et ne permet pas de parcourir les trajets imposés aux banlieusards pour accéder quotidiennement à Paris. D’un autre côté, l’offre de transports en commun est encore trop peu développée pour venir concurrencer efficacement la possession et l’usage de la voiture. La métropole doit donc s’engager fortement. Toute la France également, pour basculer dans les modes non polluants de déplacements.


Paris parie donc sur la réussite de la transition énergétique et de la COP 21 que la France va accueillir fin 2015, pour gagner son challenge audacieux d’améliorer durablement la qualité de l’air respiré par les parisiens.