samedi 4 avril 2015

Le billet d'Etienne Dolet 5ème : Paris a besoin de Bibliothèques ouvertes plus longtemps, pas de nouveau Casino.



  




Paris a besoin de Bibliothèques ouvertes plus longtemps, pas de nouveau Casino. Hélas la capitale pourrait avoir les seconds et pas les premiers.


Dans le cadre de la discussion de la loi Macron et plus spécifiquement de l'ouverture des commerces le dimanche, l'ancienne ministre de la Culture et un temps élue de notre arrondissement, Aurélie Filippetti, a fait adopter un amendement proposant que le conseil municipal discute de l'ouverture des bibliothèques lorsqu'il délibère des "dimanches du maire". Elle relayait ainsi la pétition lancée à l'approche des élections municipales des mars 2014 par l'association Bibliothèque sans frontières, présidée par le sociologue Patrick Weil (http://www.bibliosansfrontieres.org

Une telle initiative ne peut que plaire à Etienne Dolet ! 
L'initiative parlementaire ne concerne pas les bibliothèques universitaires et ne précise pas les modalités du financement. 
L'ouverture limitée des bibliothèques municipales et plus encore des médiathèques, calquée sur des horaires administratifs, ne répond pas aux attentes des usagers et pénalise les populations les plus fragiles comme les étudiants salariés, les familles qui ne partent jamais en vacances ou les travailleurs aux horaires irréguliers. 
Un rapport de l'Inspection générale des bibliothèques de novembre 2012 soulignait que ces services publics de la connaissance doivent "cesser d'exclure leurs publics potentiels à cause d'horaires et de formes d'accueil inadaptés". La Ville et l'Université doivent se parler pour coordonner leurs horaires, et ces derniers doivent accorder la priorité aux rythmes de vie des habitants sur les horaires de travail des personnels. "Le modèle des horaires de bureau ne peut plus constituer la matrice des horaires d'ouverture du public" concluait ce rapport. 
Le Législateur s'étant saisi du sujet, la Ville de Paris, et l'élue du 5ème qui a en charge les questions universitaires, Madame Lemardelay, devraient bientôt faire des propositions. Il faut repenser le fonctionnement des bibliothèques. Il n'est pas toujours besoin d'ouvrir l'ensemble des salles et le recours aux emplois aidés offrirait à des étudiants des jobs intéressants.


Sinon, les étudiants parisiens risquent de finir croupiers. On apprend en effet, pour s'en désoler, que l'ouverture de casinos à Paris est envisagée
Lorsque l'on sait dans quelles conditions la loi de 2010 sur l'ouverture des jeux d'argent et de hasard en ligne a été votée, que sur fond de malversation financières huit cercles ont été fermés depuis 2008 sur les dix que comptait la capitale. Une loi de 1920 interdit les casinos à moins de 100 km de Paris, sauf pour les stations thermales, d'où le casino d'Enghien-les-Bains. 

Une mission de réflexion a été confiée à l'ancien préfet Jean-Paul Duport. Le rapport est attendu pour fin avril. 
Il faut craindre qu'il préconise cette ouverture pour des raisons financières, dans une double dimension. L'Etat verrait de nouvelles recettes fiscales et la Ville de Paris un atout d'attractivité supplémentaire notamment à l'occasion des éventuels JO de 2025. 
Le précédent de 2010 risque de se répéter. On avait alors légiféré dans la précipitation, dans la perspective des paris pour la Coupe du Monde, sous la pression de Bruxelles et des opérateurs qui avaient mis en avant la nécessité de lutter contre le marché illégal. 
Un an après la loi, un rapport d'évaluation de la députée Aurélie Filippetti, décidément sur tous les fronts, de mai 2011, déplorait d'avoir accordé "l'onction de la légalisation à une culture du jeu qui avait été jusqu'ici relativement contenue en France". Le volet de prévention de cette addiction a été totalement sous-développé. 


La boite de Pandore risque à nouveau d'être ouverte. On risque de développer une société-casino, miroir aux alouettes de la désespérance sociale. Il serait navrant de voir des casinos flottants amarrés sur le quai de la Tournelle tandis que les étudiants feraient toujours la queue devant la Bibliothèque Cujas, et que celle-ci resterait fermée le soir alors que les étudiants-salariés-croupiers lanceraient "faites vos jeux" aux touristes du monde entier...